Source : L’Œil du Sahel
De prime abord, à quoi renvoie votre publication littéraire actuelle, intitulée «L’enfant au paradis perdu» ?
L’enfant au paradis perdu vient de paraître. Il s’agit d’un roman qui relate les difficultés d’un enfant orphelin de père qui fait face aux difficultés financières. Il connait ainsi certaines mésaventures pour poursuivre ses études et réaliser son rêve. L’oeuvre pose la question de la condition humaine, de la maltraitance des orphelins, des difficultés à mener des études sans moyens et du manque parfois à décrier de la solidarité vis-à-vis des plus démunis dans notre société contemporaine qui devient de plus en plus insensible et indifférente face à la souffrance qui l’entoure.
Serait-ce peut-être l’histoire réaliste d’Assana Brahim ou celle, tout au moins, de certains de ses étudiants ?
Il y a effectivement du réalisme parce que la pauvreté, les difficultés de la survie nous entourent. Nous n’en sommes pas si loin. C’est vrai que ce n’est pas une œuvre autobiographique. Néanmoins, quand j’étais étudiant, j’ai rencontré pas mal d’étudiants qui avaient des difficultés à mener des études. Je peux dire que c’est la source à laquelle j’ai puisé l’inspiration. Mais une œuvre littéraire n’est pas l’histoire d’une personne ; c’est souvent un regard global sur plusieurs personnes.
Mais avant ce roman, il y a récemment eu deux ouvrages qui, d’une certaine manière, ont suscité le débat, notamment «L’Arabe du Cameroun» et «Les présidents Paul Biya et Ahmadou Ahidjo face au défi linguistique de l’unité nationale». Que voulez-vous démontrer à travers ces ouvrages ?
Globalement, j’ai deux catégories de publications : celles d’ordre scientifique à savoir «L’arabe du Cameroun» et «Les présidents Paul Biya et Ahmadou Ahidjo face au défi linguistique de l’unité nationale» ; à côté de ces ouvrages scientifiques, il y a trois romans qui sont des oeuvres de fiction, notamment «Les Blancs arrivent», «Silence, le Diable passe » et «L’enfant au paradis perdu». Il y a deux oeuvres poétiques que sont «L’éclipse du désespoir» et «Amour de la sagesse et sagesse de l’Amour. En sus, il y a un essai philosophique présenté sous forme de dictionnaire «Aphorismes pour comprendre l’Amour». Ce qui fait au total sept livres produits en huit ans. De fait, la première oeuvre, «L’éclipse du désespoir» est publiée en 2012. Pour ce qui est spécifiquement de l’ouvrage «L’Arabe du Cameroun», il traite de la langue et la culture arabes. En effet, par rapport aux autres variétés arabes tchadienne, nigériane, irakienne, syrienne, cet ouvrage vient montrer la spécificité de la variété linguistique arabe du Cameroun. Car une langue s’implante dans un espace et épouse les couleurs de cet environnement. C’est le cas de l’Arabe dit Choa du Cameroun et partant, j’ai essayé de voir comment cette langue a influencé l’histoire du Cameroun. Elle a d’abord influencé les autres cultures Peulhe, Kotoko, Massa, etc. D’ailleurs, à travers cet ouvrage, il y a eu une volonté de démontrer l’origine du mot Cameroun. Nous avons émis une hypothèse, un postulat scientifique d’après lequel le mot «Cameroun» serait d’origine Arabe ou tout au moins sémite. C’est vrai que «Camaroes» c’est un mot portugais, mais il aurait été pris au latin, le latin aurait pris au grec et le grec aurait certainement pris aux langues sémites, notamment l’Arabe. Donc, j’ai fait un travail d’archéologie linguistique et d’épistémologisme où j’ai prouvé, à travers certains manuscrits datant de 2001 avant Jésus Christ, que le mot existait bel et bien et désignait des poissons ou des crevettes. Il serait possible que Camaroes soit un mot voyageur qui vient de l’Arabie ; ce n’est qu’une hypothèse. Je l’ai reprise dans l’ouvrage suivant, à savoir «Les présidents Paul Biya et Ahmadou Ahidjo face au défi linguistique de l’unité nationale» où j’ai consacré tout un chapitre pour étayer davantage cette hypothèse qui, à mon humble avis, reste encore un peu sérieuse puisqu’il n’y a pas un démenti. Et c’est juste un pavé jeté dans la mare pour susciter des réflexions scientifiques sur l’origine profonde du mot «Cameroun», je ne parle pas du nom. J’invite donc les lecteurs à découvrir cette hypothèse, à la commenter et éventuellement, à la critiquer dans le sens de connaître notre histoire en profondeur.
Qu’est-ce qui vous inspire particulièrement l’ouvrage «Les présidents Paul Biya et Ahmadou Ahidjo face au défi linguistique de l’unité nationale» ?
C’est le contexte sociopolitique actuel marqué par la crise anglophone. Elle nous invite à entrer dans son histoire d’un point de vue linguistique. Cette crise a, entre autres, pour socle la question de la langue anglaise, de la considération identitaire linguistique de la zone anglophone. Donc, dans ce livre, j’ai essayé de voir comment d’Ahidjo à Paul Biya, cette crise ou cette question a été gérée ; comment ils ont proposé un certain nombre de solutions pour éviter que la crise n’arrive à un stade critique et comment ils se sont battus, l’un après l’autre, pour éviter que cette situation n’empire. Et de manière actuelle, j’essaie de voir comment le président de la République se bat pour la crise s’arrête, en faisant des propositions. Je crois que c’est une lecture de linguiste avec un parfum de sociolinguistique pour présenter les causes et les solutions à cette crise.
Y a-t-il une explication au fait que votre inspiration soit montée d’un cran ces deux dernières années, avec une production littéraire abondante ?
C’est vrai qu’en plus d’un an, j’ai mis sur le marché «L’Arabe du Cameroun», «Les présidents Paul Biya et Ahmadou Ahidjo face au défi linguistique de l’unité nationale», «Aphorismes pour comprendre l’Amour de A à Z» et «L’enfant au paradis perdu». Soit quatre oeuvres en un et demi. D’abord, cela s’explique par le fait que je mène deux carrières différentes. Celle d’universitaire qui relève des productions scientifiques, et celle de l’écrivain qui regroupe un certain nombre de textes de fiction. Mais je me suis essayé aussi un peu à la philosophie pour les aphorismes. Cela peut aussi s’expliquer par les différentes actualités du Cameroun, notamment la crise anglophone, le Grand Dialogue. C’est un contexte camerounais où on doit s’asseoir et réfléchir pour résoudre nos problèmes en proposant des solutions. Je crois que ce contexte de dialogue intra-camerounais aurait été à l’origine de cet éveil du travail et de production. Mais pour l’écrivain que je suis, l’écriture se fait au jour le jour. Et je puis préciser que l’enseignement n’est pas incompatible à la production. On peut préparer un cours et s’en inspirer. Donc, j’organise très bien mon temps.
Par vos soins, Ngaoundéré a accueilli des grands noms de la littérature camerounaise, à savoir Calixthe Beyala, Pabé Mongo, François Bingono Bingono… A qui le tour prochainement ?
J’y pense beaucoup et c’était même prévu cette année parce que je suis en contact avec beaucoup d’auteurs avec qui on a des projets. Malheureusement, le coronavirus est venu nous empêcher de réaliser cet objectif de la promotion du livre. La venue de grands noms de la recherche scientifique et du monde littéraire ne fait qu’enrichir une dédicace pour la sortie d’un ouvrage ou d’une œuvre. J’y tiens beaucoup pour pouvoir booster l’image de la promotion de mes livres.